L'ARBRE " TROGNE "

          On les appelle " trognes " dans le Perche, " halots " en Flandre ou encore " Touses " en Picardie ; plus de 100 noms locaux sont actuellement recensés par le "Centre Européen des Trognes" pour désigner ces drôles d'arbres tordus, déformés, déchirés parfois, mais toujours uniques, les "têtards".

           Une taille régulière leur a donné cette silhouette caractéristique. Les formes tourmentées que prennent les arbres d'émonde sont le résultat d'une lente transformation liée au développement de nombreux bourrelets de cicatrisation consécutifs à leur étêtage périodique. Le recépage régulier d'un arbre à la même hauteur pendant des décennies, parfois des siècles, finit par lui donner l'allure de cette larve de batracien qui lui a donné son nom, le têtard. Cette opération a pour but de prélever régulièrement du bois pour le chauffage, la cuisson des aliments, les usages domestiques (vannerie, piquets, manches d'outils …) ou bien encore d'exploiter le feuillage (orme, frêne) comme fourrage d'appoint ou les fruits (chêne, châtaignier, hêtre) pour l'engraissement des porcs.

           L'arbre têtard fournissait le bois nécessaire à la vie de tous les jours là où la forêt n'existait plus ou quand son accès était impossible. Cela concernait la majorité des petits paysans. On exploitait parfois les arbres en têtard pour des utilisations industrielles liées à la métallurgie ou la verrerie. De nos jours, l'arbre têtard n'intéresse plus grand monde. Abandonné par une économie rurale où il ne représente plus rien, il a pourtant une longue histoire.

Merci à Dominique MANSION pour la relecture de ces pages